Des yeux pour guérir (livre)

Des yeux pour guérir

                                      de Francine Shapiro

Dans ce livre passionnant, Francine Shapiro raconte comment elle a inventé l’EMDR. Cette thérapie repose sur une découverte majeure : notre cerveau est équipé pour guérir une blessure psychique. Lorsque celle-ci persiste, c’est que le choc traumatique qui l’a causée bloque le traitement des informations douloureuses. L’EMDR consiste alors, grâce à une stimulation des mouvements oculaires, à remettre en route la « digestion » naturelle des souvenirs pathogènes, qui s’intègrent ainsi dans la mémoire.

Les premiers patients de Francine Shapiro furent des vétérans du Viêtnam. Mais la chercheuse présente de nombreux autres cas de chocs traumatiques traités grâce à l’EMDR. Si cette thérapie ne peut effacer le passé, elle permet qu’il ne fasse plus mal.

Prix Sigmund Freud

Francine Shapiro est psychothérapeute et membre du célèbre Mental Research Institute de Palo Alto.

des yeux pour guérir

Le syndrome de stress post-traumatique

Diagnostiquer un Syndrome de Stress Post-Traumatique

L’un des traitements recommandés par les différentes agences de santé nationales et internationales comme l’HAS (la Haute Autorité de Santé) ou l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour soigner un syndrome de stress post-traumatique est la thérapie EMDR (voir article).

Le diagnostic ne peut-être posé que lorsque la problématique dure plus d’un mois :

« A. Le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel les deux éléments suivants étaient présents :

  1. Le sujet a vécu, a été témoin, ou a été confronté à un événement ou à des événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de grave blessure ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée ;
  2. La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.

B. L’événement traumatique est constamment revécu, de l’une (ou de plusieurs) des façons suivantes :

  1. Souvenirs répétitifs et envahissants de l’événement provoquant un sentiment de détresse et comprenant des images, des pensées ou des perceptions ;
  2. Rêves répétitifs de l’événement provoquant un sentiment de détresse ;
  3. Impression ou agissements soudains « comme si » l’événement traumatique allait se reproduire (incluant le sentiment de revivre l’événement, des illusions, des hallucinations, et des épisodes dissociatifs (flash-back), y compris ceux qui surviennent au réveil ou au cours d’une intoxication) ;
  4. Sentiment intense de détresse psychique lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatique en cause ;
  5. Réactivité physiologique lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect de l’événement traumatique en cause ;

C. Évitement persistant des stimulus associés au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (ne préexistant pas au traumatisme) comme en témoigne la présence d’au moins trois des manifestations suivantes ;

(1) Efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associés au traumatisme ;

(2) Efforts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme ;

(3) Incapacité de se rappeler un aspect important du traumatisme ;

(4) Réduction nette de l’intérêt pour des activités importantes ou bien réduction de la participation à ces mêmes activités ;

(5) Sentiment de détachement d’autrui ou bien de devenir étranger par rapport aux autres ; (6) Restriction des affects (par exemple incapacité à éprouver des sentiments tendres) ;

(7) Sentiment d’avenir « bouché » (par exemple pense ne pas pouvoir faire carrière, se marier, avoir des enfants, ou avoir un cours normal de la vie).

D. Présence de symptômes persistants traduisant une activation neurovégétative (ne préexistant pas au traumatisme) comme en témoignent deux des manifestations suivantes :

(1) Difficulté d’endormissement au sommeil interrompu ;

(2) Irritabilité ou accès de colère ;

(3) Difficulté de concentration ;

(4) Hypervigilance ;

(5) Réaction de sursaut exagérée.

E. La perturbation (symptômes des critères B, C et D) dure plus d’un mois.

F. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

Il peut être accompagné de symptômes dissociatifs comme la dépersonnalisation et la déréalisation.

Les phénomènes spécifiques associés aux traumas sont :

  • Les amnésies : complètes ou partielles, durant un temps limité ou la perte du souvenir est persistante ;

  • Les flash-back : la réactivation des souvenirs traumatiques ;

  • Les déclencheurs : la personne est « réactivée » par des stimulis, des situations, des événements qui la renvoient au traumatisme.

La thérapie EMDR

La thérapie EMDR est une nouvelle approche de psychothérapie qui utilise la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux soit par des stimuli auditifs ou cutanés, pour induire une résolution rapide des symptômes liés à des événements du passé.

Cette thérapie poursuit le mouvement de recherche clinique et de soins inaugurés par la psychanalyse, la thérapie cognitive comportementale, les traitements par exposition, la médecine humaniste, les thérapies systémiques et les psychothérapies brèves centrées sur la personne.

Découverte et développée la fin des années 80 dans la Baie de San Francisco par Francine Shapiro. En moins de 10 ans, elle est devenue un des modes de traitement psychothérapeutique du PTSD (ou ESPT : État de Stress Post-Traumatique) ayant donné lieu au plus grand nombre d’études cliniques. Plusieurs études contrôlées ont démontré la remarquable efficacité de la thérapie EMDR pour la résolution les états de stress post-traumatiques (ESPT en français, PTSD dans la littérature anglo-saxonne), autant chez les victimes de traumatismes civils (viols, accidents, deuils) que chez les vétérans de la guerre du Vietnam ou les victimes de conflits dans les pays en voie de développement. De fait, à ce jour, la thérapie EMDR est une des méthodes de traitement des états de stress post-traumatiques (ESPT ou « PTSD ») les mieux documentées par la littérature scientifique.

Quand des expériences inquiétantes se produisent, elles sont stockées dans le cerveau avec toutes les images, bruits, pensées et sentiments qui l’accompagnent au moment de l’événement. Quand une personne a été traumatisée, le cerveau semble ne pas pouvoir traiter l’expérience comme il devrait le faire normalement. Par conséquent, les pensées et les sentiments négatifs de l’événement traumatique sont « emprisonnés » dans le système nerveux. Puisque le cerveau ne peut pas traiter ces émotions, l’expérience et/ou les sentiments qui l’accompagnent sont souvent supprimés de la conscience. Cependant, la détresse continue de se manifester dans le système nerveux où elle cause des perturbations dans le fonctionnement émotif de la personne.

La technique de thérapie EMDR fait deux choses très importantes. D’abord, elle « débloque » les mémoires et les émotions négatives stockées dans le système nerveux, puis, elle aide le cerveau à re-traiter l’expérience (au sens informatique de traitement de l’information) pour qu’elle soit « digérée ».

Le praticien travaille doucement avec le patient, le guidant progressivement pour rendre à nouveau visite à l’incident traumatique. Quand le souvenir est évoqué, les patients refont alors l’expérience des sensations et des émotions d’une nouvelle façon. La thérapie EMDR permet d’acquérir la compréhension de soi et la perspective qui permettront au patient de choisir ses actions, plutôt que de se sentir impuissant face à leurs réactions. Ce processus peut être complexe s’il y a beaucoup d’expériences reliées aux émotions négatives. Les séances de thérapie EMDR continuent jusqu’à ce que les souvenirs et les émotions traumatiques aient disparu.

Toute la force de l’EMDR en tant que méthode de traitements des traumatismes psychiques tient à la rapidité avec laquelle nous voyons les patients se libérer du poids de la honte, de la tristesse, ou de la rage avec lequel ils vivaient depuis des années.

Francine Shapiro, Des yeux pour guérir, Edition du Seuil, 2005

Les mots pour guérir (livre)

Les mots pour guérir

                                       De Gérard Bonnet

« Je n’avais jamais dit une chose pareille, je
ne sais pas comment cela m’est venu à l’esprit », « Ce que je viens de dire m’a totalement bouleversé sans que je l’aie vu venir »…

Les mots pour guérir, la psychanalyse en sait quelque chose, c’est même sa première raison d’être. 

Mais quels mots? Dans quelle relation, dans quel cadre vont-ils pouvoir prendre place, et avec quelle écoute? Pourquoi sont-ce en premier lieu les mots de la personne souffrante qui comptent? Comment les faire surgir de nos forces les plus profondes, au moment opportun, pour qu’ils soient bénéfiques? 

Gérard Bonnet est psychanalyste, membre de l’Association française de psychanalyse et directeur de l’Ecole Propédeutique à la connaissance de l’inconscient. les mots pour gue rir ok_PBP