L’infidélité masculine, dans les époques qui nous ont précédées, a été justifiée par des raisons socioculturelles, institutionnelles ou encore médicales, alors que celle des femmes a toujours été décriée et pénalisée, notamment pour garantir la filiation. Aujourd’hui les couples se forment en dehors des obligations de nos ancêtres. Quel est alors le nouveau visage de l’infidélité ?
L’amour et le mariage dans l’histoire
Dans les cultures antiques, le mariage était le lieu de la procréation mais non de l’érotisme et de l’amour, que les hommes allaient chercher en dehors de lui. Bien plus, l’amour était considéré par la sagesse populaire comme contraire au mariage. Ce n’était pas les sentiments amoureux qui fondaient le mariage et le justifiaient mais bien plutôt des buts financiers, politiques, et bien entendu de procréation. L’infidélité venait alors compenser les manques inévitables sur le plan aussi bien sexuel qu’affectif, et était en quelque sorte socioculturelle et institutionnalisée.
C’est au cours du 18ème siècle que l’idéal d’un mariage amoureux s’impose, et que s’opère le rapprochement entre amour conjugal et amour érotique. Toutefois, veillant à l’assurance de la filiation, l’infidélité féminine reste sanctionnée par le code pénal napoléonien. A cette même époque, les médecins justifient l’infidélité masculine et le recours aux prostituées par l’importance de leurs besoins sexuels, qu’ils supposent bien supérieurs à ceux des femmes.
Le couple moderne
Aujourd’hui, le couple idéal est considéré comme auto-suffisant, censé apporter aux partenaires toutes les satisfactions. L’amour sert aujourd’hui de fondement à l’engagement. La confiance, l’affection, l’intimité sont les éléments essentiels du mariage moderne : » l’intimité est devenue le remède souverain contre l’isolement croissant que nous connaissons. Notre détermination à vouloir atteindre et toucher l’autre connaît des sommets de ferveur religieuse. » 1 (P 76).
Le libre choix du partenaire, et la possibilité de se séparer donne un nouveau visage à l’infidélité. Elle acquiert de nouvelles et multiples significations, en particulier psychologiques 2.
Les exigences vis à vis de l’autre
Reposant sur l’amour, le couple ne doit surtout pas être un lieu de frustration et de souffrance. L’auto-suffisance du couple fait alors peser sur le conjoint de multiples exigences : sexuelles, communicationnelles, intellectuelles, identitaires, psychiques : les hommes doivent continuer à valoriser leur virilité mais doivent être également capable d’exprimer leur féminité ; nous devons nous épanouir personnellement tout en étant dans le partage avec l’autre ; être quelqu’un de stable mais savoir profiter de chaque occasion et des plaisirs immédiats….
De surcroît, les rapports égalitaires entre les sexes et l’importance des revendications individuelles, sont sources de conflits entre les désirs et les besoins de l’individu et ceux de sont couple.
Cette pression et cette confrontation permanente avec l’idéal véhiculé par la société peuvent trouver une issue par des transgressions, un univers à soi, en dehors du couple.
La place du sexe
Le sexe devient une pratique fondamentale pour la construction du sujet, tant féminin, que masculin, et une pratique conjugale constructrice et consolidatrice. Ses insuffisances font parties des facteurs qui peuvent précipiter le couple vers la fin…
D’autant que jamais le sexe n’a autant été exhibé ! Dans une société où l’on véhicule des messages de jouissance dans le tout de suite et le maintenant, qu’il vaut mieux remplacer que réparer, quand les représentations sexuelles mettent sans cesse la jeunesse et la beauté en scène, quand internet permet de satisfaire toutes les lubies, peut-on être satisfait de faire l’amour à la même personne pendant 50 ans?
L’augmentation de la liberté individuelle et la baisse de la morale extérieure représentée par les institutions conduisent peu à peu à l’établissement d’une morale individuelle et privée.
Et tout ceci aboutit à l’émergence de multiples formes de conjugalités… mais aussi d’extraconjugalités !
France Bernard
1- E.Perel, L’intelligence érotique, Editions Robert Laffont, Paris, 2OO7 (p76)
2- Pourquoi sommes-nous infidèles? , article 2 de la thématique « l’infidélité »
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