La mélatonine produit de nombreux effets sur le corps et sur les autres systèmes de l’organisme (2 ; 3):
- Le sommeil : lors de troubles du sommeil, un traitement par mélatonine va diminuer le temps d’endormissement et augmenter la durée du sommeil lent profond, le rendant donc plus réparateur.
- La vigilance : la mélatonine diminue la vigilance. C’est d’ailleurs pourquoi une exposition matinale à la lumière « réveille » l’organisme en inhibant la synthèse de mélatonine.
- Sur le système cardio-vasculaire : la mélatonine aurait un effet cardio-protecteur.
- Sur la prise de poids : la mélatonine influence l’action de plusieurs métaboliques comme l’insuline, la ghréline et la leptine. Ces hormones sont celles qui déterminent l’appétit, la satiété, l’absorption de calories et le stockage des graisses. La mélatonine aide ainsi à réguler l’appétit et les prises de poids.
- Effets antioxydants : la mélatonine aurait un puissant effet antioxydant. D’une part, de façon directe en inhibant les radicaux libres, et d’autre part, de façon indirecte en augmentant l’activité d’enzymes antioxydantes. Ainsi, la mélatonine nous protège du temps qui passe et du vieillissement.
- Effets sur le système immunitaire (se reporter à la thèse citée ci-dessous)
- Effets positif sur les ovaires et la régulation ovarienne : Chez la femme, la mélatonine participe à la régulation de la sécrétion de la progestérone. La mélatonine agit en effet sur les ovaires. Elle exerce un rôle bien connu dans la synchronisation des fluctuations saisonnières de la reproduction.
- Sur la douleur : des études ont montré que chez les sujets migraineux on retrouvait un faible taux de mélatonine. L’administration de mélatonine entrainait une diminution de la durée et de l’intensité des maux de têtes.
Le rôle principal de la mélatonine est son implication dans la synchronisation des rythmes circadiens (24h) et circannuels (un an), c’est-à-dire de synchroniser notre organisme avec la durée du jour et de la nuit, ainsi que des saisons. Elle est synthétisée par la glande pinéale.
Il n’existe pas de stockage de la mélatonine au sein de la glande pinéale, ainsi, dès sa synthèse, l’hormone gagne la circulation sanguine ainsi que d’autres liquides biologiques (salive, liquide séminal, lait maternel, fluide folliculaire ovarien…) par diffusion passive.
Le profil plasmique représente donc fidèlement la sécrétion hormonale, et on peut ainsi observer des variations du taux de mélatonine de façon journalières, annuelles, interindividuelles, mais aussi au cours de la vie d’un même individu (1).
L’exposition à la lumière inhibe la sécrétion de la mélatonine alors que l’obscurité stimule sa synthèse par la glande pinéale. Le maximum de production est atteint entre 2 et 5 heures du matin, d’où son nom d’hormone du sommeil ou d’hormone de l’obscurité. La régulation de la sécrétion de la mélatonine par photopériode nous permet d’être en phase avec l’environnement en adaptant le temps de sommeil en fonction de la durée d’ensoleillement. Plus l’exposition à la lumière est intense, plus la sécrétion de mélatonine est inhibée durant la journée, ce qui favorise la sécrétion nocturne exacerbée.
En sécrétant de la mélatonine, la glande pinéale « dit » au cerveau qu’il fait sombre et que c’est le bon moment pour dormir. Le caractère nocturne de la sécrétion de mélatonine a conduit à considérer cette hormone comme un hypnotique naturel.
Notre horloge biologique est génétiquement programmée pour fonctionner sur 24h (le cycle circadien). Certaines personnes seraient du matin ou du soir par programmation génétique. Si ces rythmes ne sont pas synchronisés avec le rythme jour/nuit, l’organisme s’en ressent : c’est l’exemple du décalage horaire où l’organisme est réglé sur le lieu de départ et reçoit des signaux sur le lieu d’arrivée qui ne correspondent pas à cette heure.
Des facteurs externes, environnementaux, peuvent venir influencer l’horloge biologique. C’est le cas de l’exposition à la lumière par luminothérapie, ce qui aura pour effet d’influencer la production de mélatonine.
Avec l’âge, la sécrétion de mélatonine diminue ce qui a des conséquences sur le sommeil (fréquence des troubles du sommeil chez le sujet âgé), l’exposition est plus importante aux radicaux libres responsables du vieillissement, le cycle circadien est moins bien synchronisé etc. Les scientifiques supposent que cela est due en partit à la calcification de la glande pinéale. La luminothérapie permet de redynamiser le cycle de mélatonine dans notre organisme, avec tous les bienfaits supplémentaires que cela comporte en dehors de la lutte contre le vieillissement.
La mélatonine semble avoir une action sur les troubles de l’humeur. En effet, de nombreux arguments vont dans ce sens, comme par exemple la recrudescence saisonnière de la dépression (bien plus présente en hiver), les conséquences des modifications des rythmes biologiques sur l’humeur (décalage horaire ou le travail à horaires décalés), ainsi que l’incidence des troubles du sommeil dans la dépression.
La sérotonine joue aussi un rôle dans le système circadien. La sérotonine est le précurseur de la mélatonine, c’est-à-dire qu’elle va se transformer en mélatonine dès que le signal d’obscurité est envoyé à la glande pinéale (qu’il fait nuit). La sérotonine a un rôle proche de celui des hormones. C’est un neuromédiateur qui va agir sur le système nerveux central, notamment dans la régulation de l’humeur, l’émotivité ou encore le sommeil. Elle peut avoir une action sur les troubles du comportement alimentaire et la dépression.
Plusieurs études ont démontré qu’un traitement par luminothérapie chez des patients atteints de dépression saisonnière était aussi efficace que la Fluoxétine et la sertraline (antidépresseurs inhibant la recapture de la sérotonine).
La mélatonine joue un rôle prépondérant dans la synchronisation de l’organisme avec son environnement, sur le sommeil, les effets du vieillissement et les dans les troubles de l’humeur. D’où l’idée d’utiliser la lumière pour modifier la période de libération de la mélatonine.
1-– Ménard Céline, « Mélatonine, agonistes mélatoninergiques et luminothérapie dans les troubles du sommeil et du décalage horaire », Thèse pour le Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie, 2011
2- Séverine Devary, Récepteurs de la mélatonine : pharmacologie du récepteur ovin MT2, identificcation de leur activité constitutive et développement d’une approche par ARN interférent », thèse présentée le 19 décembre 2011 pour obtenir le grade de docteur de l’Université François-Rabelais, discipline/spécialité : Sciences de la vie
3- Sarah Freyheit, « La luminothérapie et ses principales applications », Thèse pour le Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie, 2009