Le psychanalyste
Il existe aujourd’hui en France plus d’une trentaine de sociétés de psychanalystes comme l’Association de Psychanalyse Freudienne, la Société Psychanalytique de Paris ou encore la Société Française de Psychologie Analytique… Tous les psychanalystes ne sont pas répertoriés dans les annuaires des associations, il y a ceux qui n’appartiennent à aucune école, ou encore ceux qui en fréquentent plusieurs sans être répertoriés.
Plusieurs courants traversent la psychanalyse : ceux qui sont freudiens, les lacaniens, les reichiens, les bioniens ou encore les kleiniens. Face à l’extrême diversité de ces écoles comme des pratiques, certains, à l’instar du psychanalyste André Green, ont fini par se demander s’il ne fallait pas désormais parler des psychanalyses plutôt que de la psychanalyse.
Comment devenir psychanalyste?
J’ai choisi d’illustrer mon propos en citant Samuel Lézé, Maitre de conférence à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Il est l’auteur d’une enquête anthropologique et politique menée sur dix ans sur l’autorité des psychanalystes en France(1).
« La réponse souvent amenée est qu’il suffit de faire une analyse. Or, tous les analysés ne deviennent pas analysants. Qu’est ce qui les fait basculer dans le devenir psychanalyste? Une double expérience forte provoque ce basculement.
La première est de constater les limites des formations et des savoir établis. La psychanalyse vient donc combler un écart pratique. Mais sa mise en oeuvre est délicate. C’est pourquoi à l’analyse personnelle s’ajoute une supervision de la conduite des premières analyses.
De plus, il s’agit de défendre et illustrer personnellement cette pratique en montrant qu’il n’y a pas de solution facile et rapide à un problème personnel, car il convient de procéder à sa longue et patiente dissolution. Cette expérience est contre-intuitive, la plupart des professionnels préfèrent invoquer des savoirs à appliquer et des compétences spécifiques mais pas les psychanalystes.
De ce fait, ces deux expériences forment un véritable filtre qui sélectionne les psychanalystes bien plus sévèrement qu’une formation de 4 ou 5 ans telle que l’envisage la tendance actuelle à la réglementation. Et ce devenir dure longtemps… »(2)
Les stéréotypes persistent
Si au départ Freud prônait la « cure type », la discipline a beaucoup évolué depuis 1900. Les rythmes des séances hebdomadaires peuvent varier selon les possibilités de chacun (analysé et analysant), et bien entendu ce que le psychanalyste perçoit de son patient.
Le psychanalyste peut proposer à son patient de s’allonger sur le divan, ou bien encore, de proposer un suivi en face à face. Dans tous les cas, les premières séances se font en face à face.
Depuis plusieurs décennies, les psychanalystes sont également sortis de leur silence mais le mythe du psychanalyste silencieux continue à être véhiculé.
1- Samuel Lézé, L’autorité des psychanalystes, Puf, 2010
2- « Psychanalyste « Métier impossible »(Sigmund Freud), In Cercles psy, hors-série n°2, dec 2013