Qu’est qu’un blocage chez une personne sinon la mise en avant de l’existence d’un conflit intérieur. Ce conflit l’empêche, l’entrave, que ce soit dans sa capacité d’aimer ou d’avoir une sexualité épanouie.
Sexuellement, cela se manifeste par une absence de désir, une éjaculation précoce, une impuissance ou encore une frigidité. Le symptôme fait obstacle au bon déroulement de la relation sexuelle. L’origine psychique de ces symptômes se dévoile lorsqu’aucun problème somatique n’intervient ou encore de pathologie susceptible d’influencer la sexualité comme dans la dépression.
-
Symptôme de soi ou symptôme du couple
Il serait logique de penser que dans le couple, l’inhibition intervient au début de la relation amoureuse, lorsqu’on se découvre, que l’on a pas encore appris à connaître l’autre, ni son corps. Une fois cette première étape franchie, nous pourrions supposer que le plaisir pris ensemble amènerait une recherche constante de partager une nouvelle fois cette expérience. Et pourtant, il arrive que peu à peu les choses se délitent, le désir s’éteint ou des troubles de l’érection se manifeste. Ce symptôme se construisant au sein de la relation de couple, le porteur du symptôme n’est que le porte-étendard de quelque chose qui dysfonctionne dans la relation.
Le cas est bien différent lorsqu’un individu se retrouve avec les mêmes « barrières » quel que soit le ou la partenaire.
-
Multiplier les rencontres ou l’inhibition d’aimer
Pour certain(e)s, ce n’est pas de rencontrer quelqu’un qui leur pose problème. Que ce soit dans la vie ou dans le virtuel, il (ou elle) noue des contacts relativement facilement mais dès les rapprochements amoureux, la rupture leur apparaît très vite comme la seule issue. Ici, ce n’est pas la relation érotique qui est en cause, mais se laisser aller à vivre la relation amoureuse.
-
L’angoisse au cœur et au corps
Pourquoi mettre à distance le (ou la) partenaire ? Pourquoi l’autre sexe est à la fois si attirant et si repoussant ? Au fond, si l’angoisse est cœur du conflit, la réponse est toujours singulière. Elle touche l’histoire individuelle.
Citons les hommes qui ne s’engagent jamais et errent de conquêtes en conquêtes. Derrière le masque se cache un puissant mécanisme de défense. La grande angoisse tant redoutée est au fond d’aimer, car aimer résonne pour eux comme se retrouver à la merci de l’autre…
Libération oblige, ce profil historiquement si masculin se retrouve désormais chez des femmes, qui, comme eux, se targuent de se servir des hommes comme objets sexuels, clamant haut et fort qu’elles s’autorisent la même chose que leurs homologues masculins. La sexualité amicale est le nouveau modèle promu par ces hommes et ces femmes. Il devient plus facile de se dire amant que de reconnaître son amour pour l’autre. Dans l’incapacité d’aimer, inconsciemment, il s’agit d’empêcher l’établissement d’un lien de tendresse entre les partenaires.
Pour d’autres femmes, une fois la relation sexuelle accomplie, loin d’éprouver un sentiment de plénitude, elles sont envahies par un sentiment de trahison… Mais au fond, le partenaire n’a pourtant rationnellement rien trahit… Mais si ce n’est pas le partenaire qui trahit, qui est-il ? Et qu’est ce qui se cache derrière ce sentiment de trahison ?
-
La crainte du fantôme
L’autre n’est jamais la personne du présent mais bien celle qui réactive le fantôme du passé, celui en lien avec les imagos parentaux, et le ou la partenaire n’en est que l’incarnation…
Dans le cas de cet homme, plus la relation sexuelle se rapprochait de l’orgasme, plus subsistait un risque pour lui, risque qui finissait inlassablement par le faire rompre. En parallèle, il continuait à consacrer ses journées à penser aux femmes.
Qu’est ce qui pouvait bien être si dangereux ? En investiguant dans son histoire, il s’avérera que sa mère, déçue par son mariage, n’avait eu de cesse de déployer de la tendresse à son égard. Ses relations avec les femmes réactivaient l’image de sa mère intériorisée et le fantasme inconscient qui y était associé : « les femmes peuvent faire des hommes ce qu’elles veulent dès lors que feignant de s’abandonner, elles leur ont offert la jouissance qu’ils avaient réclamé. » (1) L’angoisse qui surgit du passé est celle de la demande énorme qu’avait sa mère à son égard et qu’il imagine désormais chez sa partenaire : sous couvert de le satisfaire lui, elle chercherait à ce qu’il baisse la garde et s’abandonne dans ses bras…
France Bernard
1– Samuel Lepastier, « L’inhibition psychosexuelle », Revue Française de Psychanalyse, 2012/1 (Vol 76), p.75-89